DiplĂŽmes, certifications, formations… En France, nous sommes obsĂ©dĂ©s par la paperasse prestigieuse. Mais est-ce qu’ĂȘtre diplĂŽmĂ© veut forcĂ©ment dire ĂȘtre compĂ©tent ? Et ĂȘtre compĂ©tent, est-ce systĂ©matiquement gage d’efficacitĂ© ?
Cet article va faire un peu le ménage dans tout ça pour y voir plus clair et vous aider à évaluer un thérapeute au-delà de ses papiers.
Table des MatiĂšres
DiplĂŽmes et formations
Ătre diplĂŽmĂ©, formĂ©, ou certifiĂ© veut simplement dire que votre thĂ©rapeute, quel qu’il soit, Ă fait une formation plus ou moins officielle, et qu’il a eu une note suffisamment Ă©levĂ©e pour se voir dĂ©livrer ce papier.
Un mĂ©decin, un psychologue ou un psychothĂ©rapeute aura un « diplĂŽme d’Ă©tat », ce qui veut dire que l’Ă©tat a mis son sceau d’approbation sur ce diplĂŽme. Comme il l’a fait, par exemple, dans les annĂ©es 70, quand les psychiatres pratiquaient la lobotomie. En gros, ça vaut ce que ça vaut.
C’est un argument d’autoritĂ©. Ăa fait sĂ©rieux, et ça l’est⊠peut-ĂȘtre.
De plus, quelqu’un qui a eu 11/20 Ă ses examens a le mĂȘme diplĂŽme que quelqu’un qui a eu 18/20. Le papier ne vous dit pas lequel des deux vous consulterez. Ce n’est donc pas un gage de compĂ©tence.
Autorisé à exercer
Certains thĂ©rapeutes sont « autorisĂ©s Ă exercer » ou « en cours de certification. » Ăa veut dire qu’ils doivent faire des heures (voire des centaines d’heures) de travail pratique pour acquĂ©rir de l’expĂ©rience avant d’obtenir leur certification finale. Et ça ne veut pas dire qu’ils ne connaissent pas la thĂ©orie, puisqu’en gĂ©nĂ©ral, ils doivent rĂ©ussir leurs examens avant de se faire autoriser.
La Compétence
Un thĂ©rapeute compĂ©tent maĂźtrise sa discipline : il utilise correctement ses techniques, comprend les nuances de son travail, reconnaĂźt ses limites et ses lacunes⊠bref : c’est un bon praticien qui fait bien son travail.
Par ailleurs, un thĂ©rapeute compĂ©tent n’est pas forcĂ©ment expĂ©rimentĂ©. Une personne ayant fait sa formation rĂ©cemment est peut ĂȘtre plus compĂ©tente qu’une autre qui a fait ses Ă©tudes il y a 20 ans, et qui n’a pas suivi les dĂ©veloppements rĂ©cents de sa discipline.
Formation continue et Supervision
En France, il n’y a aucune obligation de formation continue en dehors du psychiatre, qui a l’obligation de suivre un DPC (DĂ©veloppement Professionnel Continu) tous les 3 ans depuis 2009. De mĂȘme, seuls les psychanalystes sont tenus d’avoir une supervision continue. Pourtant, un thĂ©rapeute qui travaille seul, sans soutien professionnel, peut facilement dĂ©river, s’Ă©puiser, ou faire des erreurs sans s’en rendre compte.
Dans l’idĂ©al, il faudrait un thĂ©rapeute qui fasse les deux. Mais malheureusement, comme ce n’est pas obligatoire, peu auront cette rigueur, et c’est fort dommage.
LâEfficacitĂ©
L’efficacitĂ© chez un praticien veut dire que vous obtenez les rĂ©sultats que vous cherchez. La rĂ©alitĂ©, c’est que si vous consultez un podologue hautement certifiĂ© et compĂ©tent pour une rage des dents, il sera totalement inefficace et ne pourra vous aider.
Cette efficacitĂ© va beaucoup dĂ©pendre de l’adĂ©quation qu’il y aura entre votre problĂ©matique et la compĂ©tence/spĂ©cialisation du praticien, mais aussi de sa flexibilitĂ© d’adaptation Ă votre Ă©gard, et de votre collaboration active dans le processus thĂ©rapeutique.
Le plus important : l’alliance thĂ©rapeutique
Vous pourriez trouver quelqu’un qui est super diplĂŽmĂ©, ultra compĂ©tent, et parfaitement adaptĂ© Ă votre problĂ©matique⊠mais que vous ne sentez pas. C’est la faute Ă personne : vous n’ĂȘtes simplement pas compatibles.
Le thĂ©rapeute qui vous convient, au-delĂ de tout le reste, sera la personne avec qui vous vous sentirez bien. On appelle ça l’alliance thĂ©rapeutique – cette connexion humaine qui fait que la thĂ©rapie fonctionne, et c’est la clef de la guĂ©rison.
Conclusion
Dans l’idĂ©al, il faudrait arriver Ă trouver un thĂ©rapeute avec qui vous vous sentez bien, qui est diplĂŽmĂ©, en formation continue, compĂ©tent, expĂ©rimentĂ©, efficace, en supervision rĂ©guliĂšre, ayant fait un travail sur lui-mĂȘme, qui tient compte des diffĂ©rences culturelles de chacun, ayant une certaine humilitĂ©, une grande humanitĂ©, de l’empathie, qui connaĂźt bien ses limitesâŠ
Puis vous vous rĂ©veillez, et vous vous rendez compte que dans la rĂ©alitĂ©, il sera probablement trĂšs difficile de trouver tout ça Ă la fois, et qu’heureusement, ça ne va pas vous empĂȘcher d’aller mieux. Mais pour ça, il faut ĂȘtre acteur de votre santĂ© mentale, et garder en tĂȘte que les praticiens, du psychiatre au coach, sont avant tout des humains, imparfaits, faillibles, limitĂ©s⊠tout comme vous.
Vous avez le droit d’ĂȘtre exigeant, mais ne nous mettez pas sur un piĂ©destal : vous allez ĂȘtre forcĂ©ment déçu. Nous ne sommes pas des gourous. Nous n’avons pas toutes les rĂ©ponses, et mĂȘme si nous faisons de notre mieux, nous pouvons nous tromper.
Une relation thĂ©rapeutique saine reconnaĂźt l’expertise du thĂ©rapeute mais aussi votre propre expertise sur votre propre vie. Le soin, c’est avant tout un travail d’Ă©quipe.
Et n’hĂ©sitez pas Ă passer des entretiens avec plusieurs thĂ©rapeutes avant de faire un choix, et de prendre le temps de leur poser toutes vos questions. Votre bien-ĂȘtre en vaut la peine.